La photo de rue : principe et découverte
Suffit-il de passer ses photos en noir et blanc, d'y rajouter un peu de flou, de grain, et de vignettage pour les transformer en "street photography" ?
La photographie de rue, ou « street photography » pour ceux qui aiment les termes branchés, est un genre photographique qui intrigue, inspire, mais aussi, parfois, agace. Car soyons honnêtes : qui n’a jamais vu une photo en noir et blanc, un peu floue, granuleuse, avec un beau vignettage bien appuyé, et s’est demandé si c’était réellement une photo de rue avec une réelle intention, ou juste un coup de baguette magique Photoshop pour l’illusion de l’oeuvre d’art ? Alors, simple effet de style ou véritable essence de la street photography ? Plongeons dans le sujet.
1. La photographie de rue : bien plus qu’un filtre noir et blanc
La street photography, ce n’est pas juste une affaire d’esthétique. C’est une démarche, un regard sur le monde, une capacité à capturer l’instant décisif cher à Cartier-Bresson. Une vraie photo de rue raconte une histoire, capte une émotion, joue avec la lumière, les contrastes, les silhouettes. En somme, elle va bien au-delà des effets de post-production.
Cela dit, il est vrai que certains codes visuels sont souvent associés à ce genre : le noir et blanc intemporel, le grain rappelant l’argentique, un léger flou parfois dû à un mouvement saisi sur le vif… Mais appliquer ces effets ne transforme pas une photo banale en chef-d’œuvre de street photography. Une scène fade restera une scène fade, même avec un beau filtre noir et blanc.
2. Pourquoi ces effets sont-ils utilisés ?
Si ces effets sont tant utilisés en photographie de rue, c’est parce qu’ils servent un propos, un ressenti, une atmosphère. Voyons pourquoi :
Le noir et blanc : Il permet d’éliminer les distractions liées aux couleurs et met l’accent sur les formes, les contrastes, et les expressions. Il donne aussi un côté intemporel aux images.
Le grain : Il rappelle l’argentique et apporte une texture qui peut donner du caractère à l’image, renforçant son aspect « authentique ».
Le vignettage : Il guide le regard du spectateur vers le centre de l’image, en isolant le sujet principal.
Le flou ou le mouvement : Un léger flou peut renforcer l’impression de dynamisme et d’instantanéité, en donnant l’illusion de saisir un moment fugitif.
Mais tout cela ne fonctionne que si l’image de base a déjà une force narrative ou une composition intéressante. Ces effets doivent être des compléments et non des cache-misère.
3. Comment obtenir ces effets sur Lightroom ?
Si vous souhaitez donner un look « photographie de rue » à vos images en post-production, voici quelques réglages que vous pouvez appliquer dans Lightroom :
Passer en noir et blanc :
Désaturez l’image (bof bof) ou utilisez le module Noir & Blanc de Lightroom (chaudement recommandé). Vous pouvez aussi utiliser les PRESET, mais je recommande toujours de mettre les mains dans le cambouis (rien de mieux pour apprendre à développer son propre style).
Ajustez les curseurs de luminance des couleurs pour équilibrer les contrastes.
- Rajoutez du micro contraste (clarté) peut-être très sympa. Visualiser le rendu à 100 % pour vérifier ce que vous faites.
- Idem pour du rajout de matière avec le curseur texture.
Ajouter du grain :
Dans le panneau « Effets », augmentez légèrement la quantité de grain.
Ajustez la taille et la rugosité pour un effet plus naturel.
Appliquer un vignettage :
Toujours dans le panneau « Effets », jouez avec le curseur de vignettage post-recadrage.
Réglez la quantité et la douceur selon le rendu souhaité.
Simuler un flou de mouvement :
Utilisez un filtre radial, directionnel ou gradué pour appliquer un léger flou directionnel (sous Photoshop). Entre nous, c’est la pire des solutions…A vraiment éviter si possible
Pour un effet plus réaliste, appliquez-le directement en prise de vue (vitesse d’obturation plus lente).
Ces réglages peuvent donner une esthétique « street », mais rappelez-vous que l’essentiel se passe avant tout dans l’œil du photographe et sa capacité à saisir un instant unique.
Conclusion
Non, il ne suffit pas de passer une photo en noir et blanc, d’ajouter du grain et du vignettage pour en faire une image digne des maîtres de la photographie de rue. Ces effets sont des outils, pas des recettes miracles. La vraie street photography (photographie de rue) repose sur le regard du photographe, sa capacité à composer et capturer un instant évocateur. Mais si vous avez déjà une bonne photo, un petit coup de Lightroom peut toujours la sublimer… avec modération !
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Qui suis-je ?
Je suis photographe indépendant spécialisé dans la photographie commerciale sur Mulhouse (68) dans le Haut-Rhin (Alsace). Mon coeur de métier est la photo pour l’entreprise (reportage, studio, publicité, évènementiel, portraits Corporate). En parallèle, je suis vidéaste et touche-à-tout du digital.